L'INFORMATIQUE AU FEMININ

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LE COLLECTIF

Mixité de la filière informatique

La pédagogie par l’exemple comme moyen de démystification

L’étude par Sax et al. (2016) a analysé les choix de majeure en licence (niveau Bachelor) en informatique sur les 40 dernières années aux Etats-Unis (8 millions d’étudiants, 1 225 licences). L’étude révèle une récession significative depuis la fin des années 90 et en 2011, ainsi qu’une sous-représentation persistante des femmes tout au long de la période. La situation en France est similaire. A titre d’exemple, parmi les diplômées d’écoles d’ingénieurs, si les filles représentent 28% des effectifs; elles ne sont que 13% des ingénieurs en informatique (20.3% en 1983). Selon l’association Femmes et Ingénieurs “si rien n’est fait pour stopper cette érosion, la situation peut devenir catastrophique sur les plans économique et sociétal” 1 . Le projet que nous proposons entend contribuer à revaloriser les métiers de l’informatique auprès des filles et s’appuie sur les vertus de la pédagogie par l’exemple et de l’enseignement mutuel. Dans ce projet, des étudiantes mènent des actions pédagogiques ciblées, permettant aux élèves de primaire et de secondaire de pratiquer les sciences du numérique. Ces projets montrent que la programmation est accessible à toutes et démystifient l’enseignement supérieur en mettant en évidence que des jeunes femmes réussissent et s'épanouissent dans des formations en informatique. En s’appuyant sur l’existant réalisé à Brest et Lille depuis deux ans, nous voulons mutualiser, étendre et développer les dispositifs en place.

Bilan des actions des années précédentes

Dispositif déployé à Brest : “Les filles qui …” (LFQ). Sous l’intitulé “Les filles qui …”.

Le dispositif pédagogique a été déployé à Brest depuis mai 2017. Des étudiantes montrent l’exemple au féminin en sciences numériques aux élèves de primaire (filles et garçons) en enseignant la programmation (cours et projets numériques). Elles sont actuellement 37 étudiantes de l’Université de Bretagne Occidentale en Sciences et en Lettres. Ces enseignements s’opèrent sous le couvert d’une convention ASTEP (Accompagnement en Sciences et Technologies à l’Ecole Primaire) établie entre l’inspection académique du Finistère et l’UBO. 25 filles de licence ont animé 3 types de cours : Scratch Jr pour 9 classes de la GS-maternelle au CE2, Scratch pour 12 classes de CM1 ou CM2, robots mbot pour 5 classes du CE1 au CM2, soit 26 classes et 491 élèves au total. En sus de ce volet enseignement à la programmation, “Les filles qui…” accompagnent des projets “Savanturiers” : projets d’éducation par la recherche ou projet Patrimoine local 2.0. 3 doctorantes et 17 étudiantes en Master et Licence accompagnent 5 classes sur des projets de robotique et 9 classes sur des projets en humanités numériques.

Dispositif déployé à Lille : “L codent, L créent” (LCLC).

Depuis 2015 le groupe de travail “Informatique au féminin” de l’Université de Lille 1 met en place différentes actions afin de modifier le déséquilibre de sexe important au sein des formations en informatique. Ainsi des tables rondes, des témoignages de professionnelles et des bourses pour des étudiantes s’engageant dans des études en informatique ont été instaurés. En 2017, une nouvelle action est mise en place afin d’intervenir en amont, au moment où des choix d’orientation commencent à se cristalliser. L’action “L Codent, L Créent” est ainsi initiée afin de proposer une action de médiation en informatique à des collégiennes encadrées par des étudiantes dans des formations d’informatique. Bien que souvent discuté, le fait que cette action ne soit ouverte qu’à des filles et encadrées uniquement par des étudiantes est un des points caractéristiques et stratégique de LCLC. Le coeur de l’activité proposée aux collégiennes porte sur la création d’une oeuvre numérique, une image ou une animation, en la définissant à l’aide d’un programme en python et de l’environnement Processing. Les étudiantes interviennent en tant que médiatrice et rôles modèles et accompagnent les élèves dans leur création dans une approche visant à “faire avec”.

La première saison en 2017 : Elle a impliqué deux collèges (Triolo et Simone de Beauvoir) de Villeneuve d’Ascq, une trentaine de collégiennes volontaires de 3ème au démarrage et une vingtaine à l’issue de l’action et 8 étudiantes. Les séances étaient organisées à raison d’une heure par semaine sur le temps de la pause méridienne durant 8 semaines. A l’issue de ces 8 semaines, une exposition a été organisé à l’Université afin d’accueillir les collégiennes et leurs parents et leur permettre de découvrir et démystifier le campus universitaire.

Pour la seconde saison en 2018 : Le rythme a été changé car nous avions constaté une déperdition notamment du à des voyages scolaires ou d’autres activités se produisant sur cette fenêtre de deux mois. L’action s’est donc déroulé sur un mois à raison de deux séances par semaine, toujours sur la pause méridienne pour la majorité des établissements et en fin d’après-midi pour l’un d’entre eux. Pour cette seconde saison, ce sont 3 collèges et 2 lycées qui ont été mobilisés, impliquant environ 80 collégiennes au départ et 60 lors de l’exposition et plus d’une douzaine d’encadrantes.

Pour la troisième saison en 2019 : Il n’a pas été possible d’organiser l’action avec les collèges présents depuis le début de l’action et l’action a donc été reconfigurée sous la forme d’un stage intensif d’une semaine. L’objectif de cette expérimentation qui s’est déroulée avec des élèves de seconde (lors de la semaine du bac) était d’expérimenter la faisabilité de ce type d’action dans le cadre du stage d’observation d’élèves de troisième. L’action s’est donc déroulée en juin avec une quinzaine d’élèves de secondes et 4 étudiantes. Le coeur de l’action a aussi évolué en faisant évoluer le cadre de la programmation créative vers la fabrication. Ainsi, durant les 5 jours de stage, les élèves ont pu faire plusieurs sessions dans un fablab et découvrir la fabrication avec une découpeuse laser et une brodeuse programmable. Ainsi, le concept initial de création au travers de la définition d’un algorithme (en python, langage de référence au lycée maintenant) a abouti avec cette itération à la construction d’objets tangibles (en bois ou en tissu brodé).

Pour la quatrième saison fin 2019 et 2020 : Suite à l’expérimentation réussie avec les élèves de secondes et à des liens développés avec la branche professionnelle via le Syntec Numérique, l’action “L Codent, L Créent” a évolué de nouveau afin de se réaliser sous la forme d’un stage d’observation de troisième, en lien avec une entreprise et l’association FACE-MEL (Fondation Agir Contre l’Exclusion - Métropole Européenne de Lille). L’action a été renommé “Wi Code, Wi Build”, à la fois pour faire référence à un autre programme de sensibilisation mené par FACE-MEL appelé “Wi-Filles” et à l’aspect fabrication devenu central dans le dispositif. Pour ce stage, les collégiennes étaient accueillies au sein d’une entreprise (ACTEOS à Roubaix en décembre et GFI à Lille en janvier) et encadrées à la fois par des membres de l’association FACE, des doctorantes et ponctuellement des professionnelles informaticiennes. Cette action a mobilisé une quinzaine de collégiennes pour chacune des sessions et certaines d’entre elles ont réalisé leur oral de brevet sur cette expérience.
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